LE FESTIVAL D’AUVERS-SUR-OISE, JEUNESSE ET INNOVATION
Résumer le Festival d’Auvers-sur-Oise, c’est feuilleter 43 années de la vie musicale internationale. De Rostropovitch, Richter à Cziffra ou de la Crespin à la Bartoli, en passant par Barbara Hendricks, la liste des stars qui firent les riches heures de la manifestation a de quoi donner le tournis. Mais plus qu’une énumération de noms illustres, l’histoire du Festival d’Auvers-sur-Oise se lit à la lumière de son esprit, demeuré inchangé depuis 1981. Ce dernier tient en deux mots : jeunesse et innovation.
Jeunesse, car depuis sa création par Pascal Escande, le Festival a permis la découverte – ou la confirmation – de nombreux talents qui comptent parmi les valeurs sûres du classique. La pianiste Hélène Grimaud y donna l’un de ses premiers récitals d’envergure. C’était en 1989. La future star n’avait pas vingt ans et pas encore fait la rencontre de la louve qui changerait sa vie en attirant sur elle la curiosité médiatique. Mais son hypersensibilité brûlait déjà les planches. Dix ans plus tard, un autre pianiste de talent fit ses débuts dans la cité impressionniste : Denis Matsuev. Le pianiste russe, ambassadeur de Rachmaninov, adoubé par la famille du compositeur, a depuis gravé son nom en lettres d’or dans l’histoire du Festival dont il inaugura la collection discographique DiscAuverS avant de mener Pascal Escande vers d’autres aventures ou en l’invitant aux concours internationaux « Astana Piano Passion » et « Grand Piano competition Moscou » comme membre du jury.
Innovation, car cette rencontre pluriculturelle peut se targuer d’avoir souvent été à la pointe en matière de tendances et de relations avec le public. Par exemple, en instaurant dès 1987 un dialogue entre Arts plastiques et Musique. Concept souvent repris depuis. Ou en établissant, dès 2000, des résidences annuelles de compositeurs, débouchant sur une ou plusieurs créations écrites par une nouvelle génération de compositeurs comme Escaich, Bacri, Hersant, Connesson, Beffa, Dusapin, Campo, Mantovani, Waksman et tant d’autres… On se souvient avec émotion de celle du regretté Henri Dutilleux pour l’Opus 30 du Festival, trois ans seulement avant sa disparition.
À chaque Opus, le Festival d’Auvers-sur-Oise continue d’étonner, entre mise sur orbite de talents* encore inconnus et spectacles musicaux repoussant la forme du concert classique. Et puis, impossible de dissocier le Festival d’Auvers-sur-Oise de la figure de Vincent van Gogh. Dans la cité dont il a si merveilleusement capté les lumières, son ombre plane sur le moindre recoin. Mais il y a aussi dans la manifestation quelque chose de rimbaldien. Une aspiration au culte de la jeunesse éternelle. Une inclinaison vers l’ivresse des sens qui passe par le goût des sciences poétiques. Un souffle de révolte, plus contrepoint que contrepoids, qui exalte l’âme avant d’exhorter les foules.
LA MISSION DISCAUVERS, LA MISSION DÉCOUVERTES DU FESTIVAL D’AUVERS-SUR-OISE
Depuis 1990, le Festival d’Auvers-sur- Oise remplit sa mission de résidence auprès de jeunes artistes pour le développement de leur carrière scénique et discographique. Du Trio Wanderer à Claire Marie Le Guay en passant par Henri Demarquette, Delphine Haidan, Emmanuelle Haïm, Denis Matsuev, les Folies Françoises et Patricia Petibon, Hisako Kawamura, Hyo Joo Lee, Jean-Frédéric Neuburger, Tristan Pfaff, La Maîtrise de Paris, Sanja Bizjak, Miroslav Kultishev, Luka Okros ou Anastasia Kobekina, un grand nombre de jeunes musiciens ont pu réaliser non seulement leur premier CD mais encore être aidés et soutenus dans un esprit de résidence. « DiscAuverS » fête sa 30ème année d’existence tout en confirmant son identité de découvreur de talents dans le paysage musical européen. Depuis, certains jeunes artistes du Festival sont devenus de grands interprètes et mènent une très belle carrière à travers le monde.
*Jeunes talents découverts par DiscAuverS et 1er disque de leur carrière